Trouver le calme parmi les défunts.
Par un jour ensoleillé de ce mois de Février, j'avais prévu de faire une virée du côté de ce cimetière dont je savais qu'il était particulièrement grand, me disant que je pourrais y trouver de magnifiques édifices à y découvrir.
Dès que j'eus franchi la porte, c'est toute l'atmosphère qui changea:
L'air se fit plus pesant, comme chargé d'émotions et de souvenirs, sans en être étouffant pour autant.
Une véritable fôret de croix et monuments s'élevait devant moi, ce qui me laissa bouche-bée pendant quelques courts instants.
J'entrepris alors de me laisser guider par mon instinct, errant de chemins en chemins, tentant en vain de reproduire par la photo ce que l'endroit dégageait.
Je fus étonné en prenant conscience que mes yeux ne pouvaient ignorer les noms gravés sur chaque pierre, comme si je ressentais le besoin de donner une identité (de la vie?) à chacun des édifices que je rencontrais.
Je fus frappé par la beauté de certaines tombes, véritables pyramides ou cathédrales, et l'extrême simplicité d'autres, simples mottes de terre recouvertes d'une croix de bois usée par le temps.
J'ai laissé mon esprit vaquer, aidé par le silence des lieux. J'en suis venu à m'interroger sur la nécessité d'ériger de tels choses, sur ce besoin fondamentalement humain d'exister même après sa mort, mais aussi sur celui des familles des défunts qui,
par ce lieu, pensaient pouvoir graver à jamais leur souvenir dans leurs mémoires et ne jamais les oublier.
Je me suis attristé, enfin, de voir tous ces efforts réduits à néant par le vandalisme parfois ou par le temps bien souvent, ne laissant que ruines et inscriptions effacées là où avaient résidé auparavant splendeur et fierté...
Puis, comme par enchantement, ces pensées me quittèrent et l'air se refit frais et actif dès ma sortie du cimetière.
Il ne me restait alors que quelques photos gachées, un souvenir déjà lointain et une sérénité soudaine gagnée grâce à ce doux moment vécu auprès de centaines d'âmes du passé.
